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NOS LIBÉRATEURS
L’Armée d’Afrique
« Cette Afrique du Nord, que de sang elle a versé pour la France ! Il faut aller voir les pierres tombales à Venafro en Italie, en Provence, en Alsace : les goumiers, les tirailleurs, des soldats de toutes sortes, toute l’Afrique du Nord, que ce soient Tunisiens, Algériens ou Marocains sans oublier les pieds noirs car il y en a aussi beaucoup qui sont tombés. Oui, l’Afrique du Nord a porté haut le drapeau français et de cela je suis fier. ».
Alain Mimoun
soldat du Corps expéditionnaire français en Italie
L’Afrique du Nord était une région stratégique pour les chefs militaires américains et britanniques : elle devait être la base de départ pour l’invasion de « la forteresse Europe » qui allait commencer en septembre 1943 dans le sud de l’Italie, dix mois avant le débarquement de Normandie.

Au-delà de cet impératif stratégique, les Alliés escomptaient, en débarquant en force au Maroc et en Algérie, le ralliement des trois colonies françaises du Maghreb et, par corollaire, celui de l’Armée d’Afrique, le nom donné aux unités de l’armée française en Algérie, au Maroc et en Tunisie. À la suite de l’armistice de juin 1940, cette armée avait officiellement été réduite de 400 000 à 120 000 hommes. À l’insu des Allemands, des unités avaient été camouflées en groupements de travailleurs ou en forces auxiliaires de police. Au total, les effectifs militaires en Afrique du Nord atteignaient environ 200 000 hommes en novembre 1942 alors que les Forces françaises libres ne dépassaient pas 40 000 hommes à la même époque.

Lorsque les Américains et les Britanniques débarquèrent en Afrique du Nord en novembre 1942, l’Armée d’Afrique reçut l’ordre de les rejeter à la mer. Les combats furent particulièrement violents à Oran et autour de Casablanca où plusieurs régiments de tirailleurs algériens et marocains furent engagés contre les soldats américains. Il y eut de part et d’autre près de 2000 morts et plus de 2600 blessés en quatre jours de combat.

Mais le rapport des forces était trop inégal et, le 11 novembre, l’armée française déposait les armes : l’Afrique du Nord n’avait d’autre choix que de rejoindre le camp des Alliés, entraînant avec elle l’Afrique occidentale française. Il fallut cependant attendre encore sept mois pour qu’elle acceptât l’autorité du général de Gaulle. Désormais, l’Empire, à l’exception de l’Indochine demeurée dans la neutralité en raison de la proximité des forces japonaises, était rassemblé sous l’autorité du Comité français de libération nationale.

Ce fut en Algérie et au Maroc que l’armée française entreprit sa modernisation après la signature des accords d’Anfa aux termes desquels le gouvernement américain s’engageait à équiper les unités françaises. Les 8 divisions françaises qui allaient contribuer à la libération de l’Europe furent, pour les unes, constituées de toutes pièces, pour les autres, recomplétées en Afrique du Nord. L’Armée d’Afrique allait en fournir la majeure partie des effectifs.

Progressivement, à partir de l’hiver 1942, 80 000 soldats de l’Armée d’Afrique combattirent en Tunisie aux côtés des Américains et des Britanniques. Les chefs militaires alliés purent juger de la valeur de ces troupes et firent à nouveau appel à elles en Italie lorsque les armées anglo-saxonnes butèrent sur les lignes de défense allemandes autour de Monte Cassino. Les troupes nord-africaines représentaient les 4/5e des 113 000 soldats du Corps expéditionnaire français engagé en Italie.

Au fur et à mesure, l’armée française gagnait en effectifs, accueillant des Français évadés de la métropole puis, à partir d’octobre 1943, après la libération de la Corse, des habitants de l’île. Dans l’été 1944, elle comptait près de 600 000 hommes. Les soldats d’Afrique du Nord continuaient de représenter les 2/3 des effectifs : 176 000 Européens d’Afrique du Nord et 233 000 « indigènes » du Maghreb étaient sous les drapeaux en novembre 1944.

L’Armée d’Afrique joua un rôle déterminant lors du débarquement sur l’île d’Elbe en juin 1944, puis dans la campagne pour la libération de la France. Débarquant en Provence, elle contribua à délivrer Toulon et Marseille ; puis l’Armée d’Afrique participa aux batailles des Vosges et de l’Alsace où ses soldats aguerris encadraient les nouvelles recrues venues des maquis de la résistance ou des villes et villages qui avaient été libérés.

Citoyens de la République et sujets de l’Empire réunis, des hommes et des femmes issus de cinq continents avaient fait de la France, vaincue cinq ans plus tôt, un des vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. La place de la France dans le monde aujourd’hui, son statut au sein des organisations internationales, est un héritage de cette victoire.

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